Depuis le temps...

Cette fois, pas de préambule... juste un morceau: http://www.youtube.com/watch?v=IIKIfNxSM8E


Depuis le temps... tellement d'instants ont germé en moi... tellement de choses ont étendu leurs branches, tellement ont perdu leurs feuilles... tu risque de ne pas me reconnaître sous les feuillages du temps... car même si je suis toujours moi, je le suis d'une manière très différente... les humains appellent ça grandir... moi je ne ressent pas le besoin de l'appeler... les noms ça tue l'imagination...

Depuis le temps... j'ai volé des instants au temps... non, pas ceux là! d'autres que tu ne connais pas... d'autres que tu n'as pas vu naitre... je lui ai dérobé des sourires, des regards, des frôlements, des colères, des déceptions... et bien d'autres joyaux...
Oh mais ne t'inquiète pas, il le sait... mais il laisse faire, mine de rien!
Les humains croient que le temps nous vole des années ... mais en fait, c'est nous qui volons des années au temps...
Le temps, lui, il me comprends! Les humains.. pas vraiment... rarement...
Peut être parce que je le comprends...

Ou en étais-je? Ah oui... les instants... tu en a surement un lot que j'ignore... des qui me ressemblent.. des qui ressemblent au toi de mes souvenirs.. et d'autres.. qui sûrement m'aurais prise au dépourvu .. me rappelant que toi aussi... tu as pris des années au temps...

Depuis le temps... des humains (et d'autres créatures fantastiques à moitié humaines) se sont faufilés dans mon esprit.. (non pas mon cœur: dans mon esprit. Je n'ai pas de cœur,je n'en ai que faire! J'ai mieux: un esprit!) sur la pointe des pied... ou en toute assurance... les uns gloussants.. les autres méfiants... ils se sont faufilés ... leurs pinceaux aux mains et des couleurs plein les yeux ... et ils se sont mis à colorer des bouts de moi... ces bouts de moi sont aujourd'hui plus beaux... je suis aujourd'hui riche de ces bouts de moi... je suis riche de ces bouts d'eux ... comme j'ai un jour été riche de bouts de toi...

Depuis le temps... j'ai pris des idées comme on prends des kilos.... m'en épaississant l'âme petit à petit... elles se sont amusées à changer la silhouette de mon esprit au gré de leur fantaisie... arrondissant des coins, en aiguisant d'autres...

Depuis le temps... j'ai appris à connaitre mes sentiments et mes peurs comme on apprends à connaitre les gens.... j'ai appris que certains d'entre eux mentent... d'autres font semblant... d'autres prétendent être ce qu'il ne sont pas...
Certains m'ont déçue... d'autres m'ont surprise... d'autres encore se sont petits à petit éloignés sans que je ne me rende compte ...
C'est de gros farceurs... les sentiments...

Depuis le temps.. j'ai changé de raison d'être comme on change d'humeur... j'ai été pour les autres... j'ai été pour moi... j'ai été pour des gens qui n'étaient pas pour moi... j'ai été pour des choses.. j'ai été pour des instants... j'ai été pour hier... et parfois pour demain...
Je sais que tu n'aime pas ce mot: raison d'être! Je l'ai appris des humains.. ça les rassure d'avoir une raison d'être...
Toi et moi, ça nous fait peur!
C'est effrayant de n'avoir qu'une raison d'être... n'est-ce pas? Et si elle n'estait plus là...?

Depuis le temps... mon âme a pris des couleurs... mes humeurs sont plus teintées... je suis plus intense... mes défauts sont devenus plus mauvais... mes qualités plus rayonnantes... je suis plus savoureuse les bon jours ... plus amère les mauvais... (ne le répète pas:les jours vont se fâcher) étrangement.. en prenant de la distance avec ce que j'étais... je me ressemblais de plus en plus... Les humain appelle ça grandir.. moi je ne ressent pas le besoin de l'appeler... les mots... ça altère les sens et engourdi les sens...

Depuis le temps... j'ai mené des guerres contre moi.. j'ai mené des révolutions contre mes dictature passées...
je me suis à maintes reprises détrônée ... tuant l’impératrice que j’étais et devenant l’impératrice nouvelle...

Depuis le temps... j'ai rompu avec les normes... la normalité c'est rassurant... mais c'est fictif... ça n'existe que dans l'esprit des humains... car avec le temps, j'ai appris que la normalité est l'un des visages les plus perfides de la lâcheté... que je ne peux pas être moi en essayant d'être les autres...
que j’apprécie moins les autres si j'essaie d'être les autres...
Moi qui ne me ressemble pas, comment pourrais-je ressembler aux autres?

Depuis le temps... j'ai appris que quand ils me blessent... les humains demandent pardon ...
Mais les humains ignorent... que pardonner... ce n'est rien...
Les blessures... au delà des blessures... creusent en nous la trace d'une peur de l'autre...
Il ne s'agit pas de pardonner... il s'agit de ne plus sursauter au frôlement de l'autre...

Tu vois, depuis le temps... j'ai fait du chemin... et le chemin m'a refaite...
Mais viens.. approche.. j'ai encore en poche un bout bout de chemin à remonter et des émerveillements à grignoter ..
j'ai des questions plein les poches pour les jours de pluie... on ne risque pas de s'ennuyer avec la vie...
j'ai encore du temps à voler au temps... et avec toi.. le temps.. prends de meilleures saveurs... de plus belles couleurs...

Approche.. ne t'inquiète pas.. je n'ai pas changé au point de t’effrayer...
alors approche...
depuis le temps que tu me manques...

0 commentaires:



Je m'excuse d'être femme est un poème qui m'a tellement usée (l’écrire, le penser..) que je l'ai très longtemps retenu! Il a trainé des jours et des jours dans mes papiers. Mais là... je ne peux plus le retenir...
Alors voila je le partage...
Pour toutes ces femmes qui sont fatiguées ... d'être femmes...
Je m'excuse d'être femme
Coupable du pire des sacrilèges
Du vice qu’est ma féminité
Qui vous attire dans ses pièges

Je m’excuse d’être femme
D’empêcher de tourner la terre
Et usant de ce corps endiablé
Entraver la marche de l’univers

Je m'excuse de n'être que corps
Que sexe, que chair, que charmes
Et pourtant prétendre avoir un esprit
Un cœur, des pensées ... des larmes

Je m'excuse d'être femme
Je ne l'ai pas fait exprès
J'ai laissé pousser ces formes
Sans même vous consulter

Je m'excuse de vous éclabousser
Par ce péché qu'est mon corps
Par le blasphème de ma volupté
Par cette beauté qui fait ma laideur

Je plaide coupable pour tous les crimes
Que j’aurais provoqué contre moi
Je suis le peintre de mes abîmes
Le scénariste de mon désarroi

Je m'excuse de me tenir
A portée de vos mains
De laisser trainer mes courbes
Là ou le regard les atteint

Je m'excuse de me faire violer
Aussi bien le corps que l'esprit
Je m'excuse de vous provoquer
Pour faire de moi une femme battue

Qui donc oserais vous blâmer
Vous qui êtes nos victimes
Vous que cette vile féminité
guette sans cesse par ses abîmes

Nul besoin d'être un génie
Pour déchiffrer tous nos symboles
Il est certain que nos viles formes
Sont un très clair appel au viol

Je m'excuse d'être toujours là
D'aller partout ou vous allez
Et sur mes traces de surcroit
Trainer ce corps endiablé

Je m'excuse d'ainsi m'imposer
De prendre tellement de place
De bousculer jusqu'à vos pensées
Et d'empiéter sur votre espace

Je m'excuse, en femme, de persister
De germer partout dans votre esprit
Et par ma présence vous infecter
Telle une tare, une maladie

Je m'excuse de continuer à exister
Entre deux accouchements, deux nuits de plaisir
Et sans scrupules, continuer à rôder
Laissant mon esprit s’épaissir

Je m'excuse de circuler dans VOS rues
VOS marchés, VOS boulots... VOTRE pays
D'entrer en douce, de m'infiltrer
Je m'excuse de coloniser vos vies

Découpez dans ce corps vos conflits
Faites de ces courbes un champ de guerre
Tatouez mes formes de vos complexes
Crachez sur ma peau tous vos travers

Usez de ce corps comme bouclier
Jetez le vous tel une pierre
Ajoutez-moi à vos trophées
Faites de mon être un territoire

Dénudez-moi quand vous voulez
Ou couvrez-moi à votre guise
Traitez mon corps en terre maudite
Ou faites de lui une terre promise

Je vous subirais sans broncher
Essuyez sur moi vos états d'âme
Vos complexes, vos peurs, vos pêchers
Moi qui suis coupable d'être femme

J'aurais du n’être qu'à moitié
une pseudo-existence à intervalles
Ne me manifester qu'en cas de besoin
Et disparaitre entre deux appels

Je vous promets de rester sage,
De toujours me faire toute petite
De me fondre dans le paysage
De me cacher telle un Hermite

Je promets de me coudre la bouche
D'estomper jusqu'à mon parfum
De Tuer dans l’œuf mes idées farouches
De cesser d'avoir un destin

Corrigez-moi quand je divague
Quand je m'emporte, quand j'exagère
Quand, en ingrate, j'ose clamer « liberté »
Quand je me crois humaine à pare entière

Il m'arrive en voyant votre haine
De tenter de gommer mes traits
Cachant ces formes et courbes vilaines
Les niant jusqu'à les supprimer

Mais quoi que je fasse, elles restent là
Toujours visibles... toujours infâmes
J'ai beau tirer dessus les draps
Sous ces tissus... je reste femme...

PS: c'est un texte cynique, ironique ce sont donc des excuses qu'aucune femme ne fera jamais!

0 commentaires: